Cindynique
Du grec kindunos (κινδυνος), le danger.
Science(s) qui étudie(nt) les dangers ou les risques dans les sociétés et leur prévention. Le terme a été défini dans les années 1990 puis popularisé en 1995 par Georges-Yves Kervern. Celui-ci a essayé de préciser le champ, les problématiques, les concepts, les méthodes d’une discipline conçue comme nouvelle, radicalement différente des approches des sciences qui étudiaient ou prenaient en compte jusqu’alors les «risques» d’une manière ou d’une autre : sciences naturelles, sciences sociales et humaines, sciences économiques.
A la différence de ces sciences très diverses, la cindynique veut approcher les risques par des démarches globales, systémiques et rigoureuses. Seule la cindynique a pour objet central et unique les risques, avec tous leurs caractères, leurs attributs, leurs spécifications, alors que pour les autres sciences les risques ne sont que des manifestations parmi d’autres de mécanismes plus généraux, qu’elles ont pour projet fondamental d’étudier en eux-mêmes. Par ailleurs, l’approche de la cindynique veut être globale et systémique, c’est-à-dire qu’elle cherche à prendre en compte tous les facteurs, les éléments, les influences qui expliquent les différents risques, déterminent leurs caractères, leur occurrence et leurs conséquences ; elle veut préciser leur jeu exact, leurs interrelations, quelle que soit leur origine, naturelle, sociale, économique, etc., en utilisant autant que possible les méthodes de la théorie des systèmes et la théorie des jeux .
Les promoteurs de la cindynique veulent construire son champ scientifique en précisant avec soin les concepts de base nécessaires, par exemple en séparant nettement les aléas (probabilités d’occurrence de phénomènes d’intensité donnée), les risques* (probabilités d’occurrence de phénomènes d’intensité donnée dommageables pour une société donnée), les enjeux matériels ou humains (nombre et valeur des biens et personnes affectées par un événement) et les «catastrophes»* (événements affectant gravement les sociétés humaines).
La cindynique étudie les occurrences, les rythmes, les intensités, les mécanismes des aléas et des risques, la vulnérabilité des sociétés par rapport à ces risques, la perception des uns et des autres, très variable selon les individus, les groupes sociaux et les époques. Elle essaie d’évaluer le coût des risques potentiels et des catastrophes advenues (en particulier à la demande des sociétés d’assurance). Elle réfléchit aussi à la gestion des risques par des mesures de précaution, des zonages, l’information et la formation du public, et à la gestion des catastrophes.
Les géographes qui s’intéressent à la cindynique insistent particulièrement sur les implications spatiales, socio-spatiales et territoriales des risques et des catastrophes et sur leurs implications environnementales.