Léon Metchnikoff
Léon (Lev) Metchnikoff (1838-1888) naît à Saint-Pétersbourg, ou à Kharkov selon d’autres sources, dans la famille d’un officier de l’armée russe. Élève très doué, il étudie plusieurs disciplines dans diverses écoles de Russie, en particulier les langues étrangères. Indocile, il est régulièrement renvoyé de ces établissements. D’abord interprète pour une mission diplomatique russe au Proche-Orient (1858), il se brouille avec ses supérieurs et rejoint l’armée garibaldienne en Italie (1860).
Vivant à Florence, il entre en contact avec Michel Bakounine (1814-1876). Lors de son séjour en Confédération helvétique (1871-1874), il devient membre de la Fédération jurassienne bakouninienne. Invité au Japon en tant que vétéran garibaldien par Saigô Tsugumichi (1843-1902), leader populiste de Meiji, il enseigne la langue russe dans diverses écoles (1874-1876).
De retour en Confédération helvétique (1878), il retrouve «Élisée Reclus » (1830-1905), dont il devient le secrétaire (1880), le collaborateur et l’ami, suite au départ du communard Gustave Lefrançais (1826-1901) rentré à Paris après une amnistie. Il abat un travail considérable pour faire avancer la Nouvelle Géographie Universelle de Reclus, mais il écrit aussi de son côté.
Dans L’Empire japonais (1881), il présente les grands traits de l’histoire, de la culture et de la société japonaise. L’un de ses principaux apports, repris par Reclus, est de considérer la période Meiji comme une « révolution », et non comme une simple « restauration » monarchique.
Sur les onze chapitres de La Civilisation et les grands fleuves historiques (1889), Metchnikoff consacre les trois derniers seulement à la civilisation potamique, tandis que l’ensemble relève d’un traité de géographie générale. L’ouvrage, qui posthume, est introduit par Élisée Reclus qui y rédige l’une des meilleures synthèses de ses propres conceptions géographiques, et qui donne également des indications biographiques sur son ami disparu.
Ayant beaucoup discuté avec son frère Élie (Ilya) (1845-1916), qui deviendra un biologiste célèbre couronné par le Prix Nobel de médecine en 1908, Léon Metchnikoff esquisse la théorie de l’aide mutuelle, dès 1886 (« Revolution and evolution », The Contemporary Review, 50). Il en discute avec ses deux amis géographes anarchistes également présents en Suisse, Élisée Reclus — qui forge le terme d’entraide (1897) — et «Pierre Kropotkine » (1842-1921) — qui commence à publier à ce sujet à partir de 1890.
En 1883, le conseil d’État de Neuchâtel offre à Metchnikoff une place à l’Académie de professeur de « Géographie comparée et Statistique », qu’il remplit à la satisfaction des étudiants et des collègues selon tous les témoignages. Il meurt brutalement de maladie après de grandes souffrances.